Actualité - 3 mai 2023
Parole de chercheurs>>> Karen Bretin-Maffiuletti
Partager cet article
Parole de chercheurs>>> Karen Bretin-Maffiuletti
« À l’intersection de l’histoire des pratiques sportives, de l’histoire des médias et de l’histoire du communisme. »
Le parcours du chercheur en histoire du sport est souvent semé d’embûches, pour beaucoup liées à la quête de matériaux susceptibles de révéler un objet longtemps considéré comme subalterne. Mais il est aussi émaillé de « petits miracles », comme celui qui a permis à la MSH de Dijon, à l’été 2021, de bénéficier du don de la collection complète (près de 500 numéros) du magazine communiste Miroir du cyclisme, publié entre 1960 et 1994.
Le soutien du GIS CollEx-Persée, obtenu au printemps 2022, permet aujourd’hui à un consortium d’une vingtaine de personnes d’assurer la préservation, la mise à disposition du grand public et la première exploitation de ce corpus. La structuration du consortium est originale : des chercheurs issus de sept universités différentes, spécialistes d’histoire du sport, mais aussi d’histoire de la photographie, de littérature et de linguistique, sont en effet étroitement associés à une équipe d’archivistes, de documentalistes, de techniciens et de développeurs informatique de la Maison des sciences de l’homme de Dijon. Ensemble, ils conduisent le projet IRIS (Inventaire « rouge » de l’information sportive), inscrit à l’intersection de l’histoire des pratiques sportives, de l’histoire des médias et de l’histoire du communisme. La méfiance traditionnelle du mouvement ouvrier à l’égard du sport (bourgeois) étant une donnée connue, leur objectif premier consiste à questionner la singularité et la portée critique des contenus textuels et iconographiques du magazine sportif considéré.
L’intérêt scientifique du programme réside dans sa capacité à embrasser des objets divers – la presse magazine spécialisée et les écritures journalistiques du sport ; le spectacle sportif, ses acteurs et ses imaginaires ; les divers registres du langage politique – et dont les relations qu’ils entretiennent sont méconnues. D’autres ambitions sont liées aux spécificités évoquées plus haut. Le traitement numérique de la source et les compétences des ingénieurs offrent aux chercheurs la possibilité de mobiliser des méthodologies renouvelées en histoire du sport, articulant des analyses quantitatives (qui restent peu usitées) et des analyses qualitatives (davantage inscrites dans leurs habitudes). En retour, les interrogations des universitaires et leurs hypothèses de recherche nourrissent le travail des documentalistes et informaticiens, et incitent au développement d’outils inédits. Au-delà, le partage d’un corpus d’archives conséquent permet de réfléchir aux modalités concrètes d’une fabrique « vraiment » collective de l’histoire. Ainsi, au gré de réunions tenues le plus souvent « en présentiel », c’est dans un même « atelier » que se retrouvent les participants au projet, pour croiser leurs expertises (ingénierie et recherche) et faire dialoguer les disciplines scientifiques.
Karen Bretin-Maffiuletti
Enseignant chercheur, Maître de conférences,
Faculté des sciences du sport de Dijon, LIR3S UMR 7366,
Université de Bourgogne
Partager l'événement