Parole de chercheurs >>> Isabelle Laboulais

J’en avais rêvé… CollEx-Persée l’a fait !

Lorsque j’ai entrepris mon travail de thèse, en particulier l’étude de la bibliothèque de Charles-Étienne Coquebert de Montbret, la construction d’une base de données s’est très vite imposée comme un outil incontournable. Cependant, les fonds de la bibliothèque municipale de Rouen conservant à la fois le catalogue manuscrit de cette collection de livres et les volumes qui y étaient répertoriés, j’ai souvent imaginé ce que la numérisation des volumes eux-mêmes, ou au moins des pages contenant des annotations manuscrites, pourrait apporter à ma base de données. Cela relevait à cette époque de l’imagination puisque Gallica n’avait pas encore vu le jour !

Quelques années après, j’ai eu la chance d’expérimenter ce que les humanités numériques pouvaient apporter à l’étude d’une collection. Il s’agissait cette fois d’une collection de cartes géographiques et j’ai mesuré combien leur numérisation pouvait avoir des vertus heuristiques. La numérisation conduit en effet à regarder autrement les documents originaux avant de décider de les numériser : elle rend plus attentif aux détails, dont Daniel Arasse a montré qu’ils ont tant à dire quand on prend le soin de s’y arrêter ; elle permet aussi de suivre des indices matériels et de restituer des usages propres aux supports manuscrits et imprimés.

Ces expériences de recherche n’auraient pas été possibles sans la rencontre avec les personnels des bibliothèques qui, pour les livres comme pour les cartes de Coquebert de Montbret, ont eu la générosité de me parler de ces deux fonds restés inexplorés.

À mes yeux, le GIS CollEx-Persée réunit tous ces atouts : il permet de déployer des outils qui conduisent à regarder les corpus d’une autre manière, il facilite le dialogue entre les responsables des fonds patrimoniaux et les chercheurs. Très récemment, avec l’appel à projet « résidences de chercheurs », une nouvelle étape a même été franchie pour faciliter l’immersion des chercheurs dans les fonds qu’ils étudient. De telles conditions de travail sont idéales pour s’imprégner de la matérialité des supports, pour les regarder comme des objets d’études et non pas seulement comme des contenus au sein desquels on se contente de prélever des informations sans s’arrêter aux conditions dans lesquelles elles ont été réunies.

Isabelle Laboulais

Professeure d’histoire moderne à l’université de Strasbourg

Membre du Conseil scientifique de CollEx-Persée

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