Focus sur la collection d’archéologie et d’épigraphie de l’université de Lorraine

L’intérêt scientifique de la collection d’archéologie et d’épigraphie de l’université de Lorraine réside dans la pluralité et la qualité des documents, sources pour la recherche : il s’agit de plus de 58 000 documents, dont au moins 30 000 d’archives, manuscrits, documents iconographiques de différents types, objets, estampages.

La collection est constituée de fonds distincts mais complémentaires, intéressant l’archéologie et l’histoire antique, l’histoire de l’art, mais aussi l’histoire plus récente : la Grèce entre 1840 et 1940, la présence française dans le bassin méditerranéen aux XIX^e et XX^e siècles, l’histoire de l’archéologie et de l’enseignement supérieur. Elle intéresse également l’histoire de la photographie. D’une grande cohérence scientifique, elle a vocation à soutenir une approche transversale dans le cadre de projets interdisciplinaires.

Les fonds étant étroitement complémentaires de collections conservées ailleurs (notamment à l’INHA, à l’Ecole française d’Athènes, à la BNU, à l’Institut), des réseaux de recherche se sont constitués autour de certains segments : en histoire de l’art et des bibliothèques d’art au XIXe siècle, en archéologie antique et en épigraphie. Cependant l’ensemble du fonds labellisé présente encore un potentiel très important pour la recherche.

La collection est constituée d’une part d’un ensemble significatif d’imprimés acquis à partir de la création de la faculté des lettres à Nancy en 1854. D’autre part, quatre fonds comprenant des sources primaires (estampages, archives et manuscrits, mais aussi plaques de verre, photographies, dessins et croquis) couvrent la période du début XIX^e siècle jusqu’aux années 1970.

Les archives et les manuscrits d’Emile Burnouf ont été donnés en 1922 par la fille du savant, pour contribuer à la reconstitution des collections de la bibliothèque universitaire largement détruites par un bombardement le 31 octobre 1918. Emile Burnouf (1821-1907), sanskritiste et helléniste, archéologue, fut le premier professeur de littérature ancienne à Nancy à partir de 1854. De 1867 à 1875 il devint le deuxième directeur de l’École française d’Athènes. Cette collection est complétée par les archives de Paul Perdrizet (1870-1938), archéologue, historien de l’art, professeur d’archéologie classique à Nancy (1899-1919) puis à Strasbourg (1919-1936). Paul Perdrizet était également gendre d’Emile Gallé. A cet ensemble s’ajoutent les archives et les collections pédagogiques de l’Institut d’archéologie classique (IAC) que P. Perdrizet a fondé en 1902. Enfin, la collection d’estampages réalisés dans les zones rurales et excentrées de la région d’Antalya en Turquie à partir de 1962 permet de décrire le dialecte pamphylien des IIIe au Ier siècle avant Jésus-Christ, et témoigne du dynamisme et de l’originalité de la recherche menée à Nancy.

Chaque fonds a fait l’objet de campagnes de numérisation, d’expositions et de travaux de recherches, cependant le signalement dans les catalogues collectifs est très incomplet. Les pièces majeures du fonds Burnouf ont été exposées (musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye en 2014, Louvre-Lens en 2018, Louvre en 2021-2022). La numérisation se poursuit afin de répondre aux besoins croissants de chercheurs français et internationaux.

Ces fonds ont encore un potentiel remarquable pour des projets de recherche interdisciplinaires, car de nombreux segments restent méconnus, par exemple la très riche correspondance entre E. Burnouf et H. Schliemann.

Catherine Angevelle-Mocellin

Responsable des fonds patrimoniaux et de la numérisation de l’Université de Lorraine

Rosa De Marco

Chargée des fonds patrimoniaux des BU lorraines

Bibliothèques de l’Université de Lorraine – Archéologie et épigraphie

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