Actualité - 31 mars 2021

Parole de Directeurs >>> Julien Roche

SCD de l’Université de Lille – Bibliothèques universitaires et Learning center
Parole de Directeurs >>> Julien Roche
Parole de Directeurs >>> Julien Roche
Parole de... est une rubrique qui recueille le témoignage des directeurs membres du réseau CollEx-Persée. L’objet de cette série est de recueillir leur perception de la dynamique du dispositif CollEx-Persée en rapport avec leurs pratiques au sein de leurs établissements. En trois questions :

Vous avez participé à la mise en place du dispositif CollEx-Persée, en tant que membre associé du réseau. Comment analysez-vous le chemin parcouru jusqu’à aujourd’hui ?

Le dispositif CollEx-Persée est de naissance récente, même s’il trouve ses racines dans le réseau des Centres d’acquisition et de diffusion de l’information scientifique et technique (CADIST), qui eux remontent au début des années 1980. Surtout, il peut être vu à plusieurs titres comme l’héritier d’un dispositif venu compléter celui des CADIST, à savoir la Bibliothèque Scientifique Numérique (BSN). Cet héritage est à la fois une force et une faiblesse pour CollEx-Persée. Une force parce qu’il a permis la maturation dans la durée du dispositif actuel. Une faiblesse car le dispositif doit composer avec un historique, en particulier financier. A titre d’illustration, et si le dispositif CollEx-Persée a bien permis de rapprocher les services documentaires offerts des besoins des chercheurs, la rupture nécessaire avec la logique, à l’œuvre depuis les années 1980, de soutien à un développement thématique de collections n’est à ce jour pas encore consommée, les anciens CADIST continuant à recevoir des dotations récurrentes pour le développement général de leurs propres collections d’excellence, alors même que l’offre numérique est désormais massive et tandis que le prêt entre bibliothèques – fourniture de documents au format électronique en l’espèce – peine toujours à s’adapter au monde numérique.

Comment l’établissement que vous dirigez a-t-elle mis en œuvre le dispositif ?

Au printemps 2017, l’université de Lille a été retenue pour devenir « membre associé » du GIS CollEx-Persée dans le domaine « anglophone » (Grande-Bretagne et Irlande) et dans le domaine « sciences de l’ingénieur et du numérique ». Par ailleurs, sept collections de l’université de Lille ont été reconnues d’intérêt national et ont été labellisées pour une durée de cinq ans (2018-2022), reconductible.

Au sein de notre organisation, le dispositif CollEx-Persée touche trois départements : la Politique documentaire, le Traitement documentaire et les Services à la recherche et aux chercheurs. Nous avons profité de la définition de l’organigramme du SCD fusionné pour identifier un référent CollEx-Persée, qui a vocation à animer le dispositif et à porter des projets autour des collections d’excellence, et nous participons activement à plusieurs groupes de travail, numérisation et fourniture de documents à distance.

Nous avons accordé une grande importance à l’idée de proposer des démarches structurantes pour l’exploitation de collections numériques par les communautés scientifiques. C’est le sens du projet ResPaDon que porte l’université de Lille avec la BNF, en partenariat avec le campus Condorcet et Sciences Po Paris, et qui se met en œuvre en 2021. Ce projet d’ambition nationale a pour vocation de créer un réseau associant chercheurs et professionnels de l’information scientifique autour de l’accès et de l’exploitation des archives du web français. Ces dernières forment en effet un corpus de la première importance pour la communauté scientifique.  Elles constituent une collection singulière, en constante évolution, dont l’exploitation peut enrichir les recherches actuelles et engendrer de nouvelles approches originales, dans un nombre important de champs de recherche. Elles offrent un matériau unique pour l’expérimentation de techniques de fouille de texte et de données, qui peine aujourd’hui à trouver une application concrète, malgré un cadre réglementaire favorable. Parmi les nouveaux champs de recherche enfin, la comparaison entre les archives du web et le web vivant ouvre un terrain pour des approches innovantes. Au-delà des archives, ResPaDon permettra donc de mieux outiller la communauté scientifique dans son exploitation du web. Le projet revêt une double dimension, stratégique et opérationnelle, avec des expérimentations concrètes et des temps de réflexion en séminaires.

Quelles seraient vos attentes pour la suite de la durée du GIS ? Et au-delà ?

J’ai déjà commencé à évoquer le devenir des financements pour le développement de collections thématiques, qui doivent à mon sens être réorientés. Les sommes en jeu sont importantes, elles constituent une part très significative des budgets de CollEx-Persée et donneraient de fait un puissant levier d’accélération dans la mue en cours, d’une logique de soutien au développement de collections à une logique de mise en œuvre de services à la recherche. Il faudra évidemment que les gouvernances des établissements concernés se saisissent d’un sujet dont elles se désintéressent largement aujourd’hui, du fait du caractère récurrent des financements. Le label « collection d’excellence » aidera utilement les bibliothèques à mobiliser leur communauté universitaire pour maintenir le niveau de qualité des collections. Et sinon, tant pis, les établissements auront des collections à la hauteur des moyens dont ils auront doté leurs bibliothèques !

Il est par ailleurs souhaitable que CollEx-Persée puisse à l’avenir renforcer l’accompagnement de projets structurants pour les communautés scientifiques. L’analyse de la typologie des projets soutenus lors des premières vagues de financement montre assurément une certaine dispersion dans la distribution des financements, avec un soutien de projets certes intéressants en eux-mêmes mais parfois difficiles à reproduire dans d’autres contextes. Ce que CollEx-Persée doit rechercher en priorité, c’est un effet réellement transformant, aujourd’hui affiché mais qui doit encore être pleinement démontré. Cela passe sans doute par la capacité à mobiliser des financements plus importants, pour des durées plus longues. Cela implique aussi une articulation plus fine avec un autre dispositif héritier lui aussi de BSN, le comité national pour la science ouverte, et en particulier son outil de financement, le fonds national pour la science ouverte. La bonne coordination de ces deux acteurs permettra assurément de réaliser pleinement l’ambition affichée, celle de soutenir la performance de la recherche française.

Julien Roche 

Directeur
SCD de l’Université de Lille – Bibliothèques universitaires et Learning center

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