Les chargées de mission préfiguration Judith Soria

CollEx-Persée Bonjour Judith, tu as été recrutée en septembre 2023 pour soutenir la préfiguration du programme CollEx-Persée « Archives scientifiques ». Afin de mieux te connaitre, peux-tu nous dire quel fut ton parcours et comment cela recoupe ton poste actuel ?

Judith Soria Docteure en histoire de l’art, j’ai d’abord mené des recherches sur les peintures murales des églises byzantines. Mes travaux ont également porté sur l’histoire de la discipline, les missions de terrain des archéologues et des historiens de l’art de Byzance et sur l’articulation entre enseignement, recherche et collections documentaires.

Ces derniers axes m’ont conduite aux archives de ces chercheurs et aux métiers de l’information scientifique. Entre 2019 et 2020 j’ai collaboré au Répertoire des fonds pour l’histoire et la philosophie des sciences et des techniques. Il s’agit d’une plate-forme numérique dédiée au recensement de fonds et collections conservés en France et susceptibles d’être utiles à la communauté scientifique. J’ai ensuite été gestionnaire des collections imprimées et des fonds d’archives à la bibliothèque des sciences expérimentales de l’ENS Ulm. Parallèlement, le Centre d’Archives en Philosophie, Histoire et Édition des Sciences m’a confié différentes missions de récolement de fonds et j’ai par ce biais collaboré au projet ANR Foucault Fiches de lecture.

Dans la continuité de ces missions, j’ai préparé le master « Archives » de Paris 8 que j’ai obtenu en 2023. Ces différentes expériences m’ont naturellement menée à m’intéresser aux enjeux auxquels doit répondre le programme « Archives scientifiques » de CollEx-Persée !

CollEx-Persée Justement, quels sont les grands enjeux que tu identifies dans ta mission ?

Judith Soria Nous sommes dans la phase de préfiguration d’un programme entièrement nouveau. Les enjeux sont donc nombreux.

Il s’agit d’abord de constituer autour des archives de la recherche en bibliothèques une communauté qui fera vivre le programme. Cette communauté, au service des chercheurs et du métier, aura l’objectif de renforcer, entre l’information scientifique et la recherche, la synergie inhérente à ces deux activités.

Les archives de l’enseignement supérieur et de la recherche sont un élément important de l’information scientifique et technique : souvent produites par les chercheurs eux-mêmes ou récoltées dans l’exercice de leur activité, elles sont une source pour le travail de leurs successeurs. La notion même d’archive est au centre de réflexions épistémologiques de nombreux penseurs et chercheurs en sciences humaines et sociales. Le programme souhaite susciter et participer à une réflexion sur les archives en bibliothèques.

Par ailleurs, si la gestion des archives publiques est soumise au code du patrimoine, les archives de la recherche se situent souvent dans une zone grise entre le public et le privé, à l’image de la recherche elle-même. Les bibliothèques de l’enseignement supérieur et de la recherche sont confrontées à des questions juridiques complexes sur lesquelles les collègues ont besoin d’accompagnement.

Ensuite, les outils de gestion interne des fonds font souvent défaut aux établissements, et la mutualisation des besoins pourrait permettre de dépasser cet état de fait. Le signalement sur Calames est le plus répandu mais cet outil de l’ABES demande à être enrichi et soutenu.

Enfin, la question des archives numériques devient pressante et représente le défi de ces prochaines années. Les bibliothèques ont besoin d’accompagnement face à ce nouvel enjeu, devenu incontournable.

CollEx-Persée Quelles sont les réalisations en cours et les pistes de travail de ces prochains mois ?

Judith Soria À Dès mon arrivée en septembre, j’ai contacté la douzaine d’établissements actuellement partenaires du groupe de préfiguration, afin de lancer de premiers travaux. Ce groupe est bien sûr ouvert à tous les établissements intéressés par la question, qui peuvent nous rejoindre à tout moment.

Je me suis rendue dans chacun des établissements concernés. Ces visites, ainsi que les échanges qu’elles ont permis, étaient une première étape indispensable : je devais évidemment rencontrer les collègues avec et pour lesquels je m’apprêtais à travailler. Il fallait également dresser un premier état des lieux des archives conservées dans les bibliothèques de l’enseignement supérieur et des questions qui se posent aux collègues. Cela m’a permis de me représenter assez concrètement la diversité des établissements de l’ESR et des fonds qu’ils conservent, ainsi que des besoins et attentes vis-à-vis du programme. Un bilan de cette première série d’entretiens va pouvoir être dressé dans les semaines qui viennent, et dès le premier trimestre 2024 une enquête nationale quantitative complétera ce premier état des lieux.

Dans les prochains mois, un autre projet important du groupe de préfiguration va débuter :  l’organisation d’une journée d’étude qui inaugurera le programme. A priori, elle abordera les enjeux de la collecte de fonds, notamment les fonds numériques ou hybrides, les missions des bibliothèques par rapport à d’autres acteurs de la filière « archives », mais aussi les usages et les besoins des chercheurs en termes de signalement, d’exploitation et d’accès à ces fonds. Cette manifestation scientifique est prévue pour la rentrée universitaire 2024.

Accéder à la feuille de route 2023 > ici 

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