Actualité - 9 septembre 2020
Parole de Directeurs >>> Stéphanie Groudiev
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Parole de Directeurs >>> Stéphanie Groudiev
Vous avez participé à la mise en place du dispositif CollEx-Persée. Comment analysez-vous le chemin parcouru jusqu’à aujourd’hui ?
Pour bien comprendre le chemin parcouru, il faut le replacer dans le contexte du réseau des CADIST, constitué dans les années 80 comme un outil de développement et de diffusion de collections d’excellence, destinées à concentrer les crédits publics. Depuis, les ressources documentaires pour la recherche ont connu une évolution sans précédent dans leur forme, leur accès et leur usage, rendant nécessaire cette profonde mutation du dispositif qu’a représenté CollEx-Persée.
A mon sens, l’enjeu prioritaire de CollEx consistait donc à s’appuyer sur les acteurs et les réseaux existants, pour transformer les fonctions traditionnelles d’achat de documentation en une véritable offre de services documentaires, construite en synergie avec les besoins des équipes de recherche. On pourrait mesurer le succès de cet objectif au simple nombre de sollicitations reçues par les établissements documentaires venant d’équipes de recherche pour accompagner un projet ou un nouveau partenariat ! CollEx aura permis de donner davantage de visibilité aux compétences des équipes de documentation pour mieux les intégrer dans l’écosystème de la recherche française, et créer de nouvelles formes de soutien à la recherche, au plus près des besoins. Ce chemin parcouru fait écho au travail mené dans toutes les structures documentaires de l’ESR depuis des années, pour faire évoluer métiers et services : la notion de ressources documentaires elle-même est profondément réinterrogée, avec le développement de la science ouverte et l’intégration des archives, des corpus numérisés, des données de la recherche ou des publications dans le spectre des ressources exploitables par les chercheuses et chercheurs.
Comment la bibliothèque que vous dirigez a-t-elle mis en œuvre le dispositif ?
L’inscription dans CollEx-Persée a toujours été une évidence pour le GED, correspondant à la structuration même de ce nouvel équipement, adossé à plus de 70 équipes de recherche. Le modèle du GED est celui d’une « bibliothèque laboratoire », à comprendre à la fois comme le passage à l’échelle mutualisée des bibliothèques des centres de recherche, et comme un lieu d’expérimentation permettant de nouvelles façons de travailler avec le monde de la recherche. Des objectifs qui sont également ceux de CollEx-Persée, auquel il nous semblait que le GED pouvait amplement contribuer, s’appuyant sur l’équipe en train de se constituer : archivistes, bibliothécaires et documentalistes ayant travaillé au plus près de ces unités de recherche.
Notre implication dans le réseau se fait à plusieurs niveaux.
Le GED est délégataire pour la thématique Sociétés et populations, ensemble disciplinaire englobant sociologie, démographie et histoire sociale. Il s’agit de gisements d’excellence parmi les collections mutualisées, avec une double particularité : elles ont été constituées pour et même souvent par les équipes de recherche qui les utilisent, et elles regroupent aussi bien collections documentaires qu’archives scientifiques. CollEx a permis les toutes premières acquisitions du GED en 2018, avant même la mutualisation des budgets documentaires des bibliothèques réunis en janvier 2020 ! Compte-tenu de l’enveloppe allouée, nous avons chaque année sélectionné un segment disciplinaire précis, correspondant à des axes de recherche pointus et portés par des équipes du Campus.
Nous avons aussi travaillé à l’animation du réseau, dans une logique de partenariats autour des projets. Le GED a été lauréat de plusieurs appels à projets sur les deux vagues, comme porteur et comme partenaire. Ces travaux conjoints avec les équipes de recherche sont à la fois très stimulants dans leurs résultats et très exigeants dans la coopération à mettre en place. Le temps de la recherche n’est pas toujours celui des appels à projets ! Néanmoins, ce fonctionnement avec les équipes est essentiel et pour nous ces projets sont aussi une façon de prolonger la longue habitude de travail des équipes de recherche avec les documentalistes qui étaient auparavant dans les laboratoires.
Enfin, le GED a participé au groupe de travail sur les acquisitions de ressources électroniques, que j’ai co-animé avec Elise Girold. Le travail qui se poursuit sous l’impulsion d’Elise me semble essentiel pour le réseau, et les premiers résultats sont très encourageants ! La fourniture de ressources documentaires pointues sera une vraie réussite à mettre au crédit de CollEx.
Quelles seraient vos attentes pour la suite de la durée du GIS ? Et au-delà ?
CollEx-Persée a prouvé que les acteurs de la recherche et de la documentation peuvent contribuer ensemble à faire émerger des projets d’envergure qui s’appuient sur les compétences croisées de tous nos métiers. Un dialogue fructueux a été engagé avec de nombreuses équipes de recherche, grâce au professionnalisme du réseau et des porteurs du GIS.
Pour autant, la route à parcourir est longue encore. Parmi les chantiers à mener, nous devons collectivement poursuivre la réflexion sur l’articulation avec les autres infrastructures de l’IST. Le rôle des opérateurs nationaux, acteurs indispensables dans le dispositif, doit être également renforcé, en intégrant ceux qui sont aujourd’hui moins représentés. Enfin, il sera nécessaire d’interroger la granularité et la forme des projets déposés, pour éviter à la fois l’éparpillement des crédits et l’étiolage de certains partenariats.
Ce dernier point me semble constituer l’enjeu crucial des mois à venir, pour relever le défi de la pérennité du dispositif. Gageons qu’avec un réseau solide, des compétences professionnelles, et l’envie forte de tous les acteurs, ce défi sera relevé avec le même succès que les précédents !
Stéphanie Groudiev
Directrice du projet Grand équipement documentaire
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