Actualité - 29 avril 2020

Parole de Directeurs >>> Isabelle Eleuche

SCD de l’Université Claude Bernard Lyon 1 – Bibliothèque de Sciences
Isabelle Eleuche | © Service Commun de la Documentation – Université Claude Bernard Lyon 1
Parole de... est une rubrique qui recueille le témoignage des directeurs membres du réseau CollEx-Persée. L’objet de cette série est de recueillir leur perception de la dynamique du dispositif CollEx-Persée en rapport avec leurs pratiques au sein de leurs établissements. En trois questions :

Comment analysez-vous le chemin parcouru jusqu’à aujourd’hui ?

Le dispositif CollEx-Persée est aujourd’hui bien implanté et particulièrement reconnu dans le paysage documentaire français. 

Il faut reconnaître que les attentes en la matière étaient fortes : les missions des CADIST, qui s’appuyaient sur la richesse des fonds des bibliothèques, desservant la communauté universitaire nationale, ne correspondaient plus depuis longtemps à la réalité des pratiques, celles des chercheurs comme celles des CADIST eux-mêmes, très investis de longue date dans de nouvelles actions autour de la documentation électronique, les négociations avec les éditeurs et le portage de groupements de commandes.

Aussi l’évolution vers un nouveau dispositif, prenant en compte les transformations du paysage documentaire, des pratiques éditoriales et des attentes des chercheurs, était-elle vivement souhaitée par les bibliothèques. 

Pour avoir participé au groupe de travail chargé de lancer la réflexion sur cette transition indispensable, je mesure à quel point le dispositif CollEx-Persée a permis de lancer de nouvelles dynamiques au sein des bibliothèques : sans les citer toutes, je mentionnerais en particulier le développement d’une collaboration plus marquée avec les laboratoires de recherche, l’accompagnement des chercheurs avec un ancrage au sein-même de leurs projets et une meilleure compréhension de leurs pratiques de recherche, la mise en place de partenariats nouveaux et la construction d’un réseau de bibliothèques plus ambitieux autour de préoccupations communes. 

Comment la bibliothèque que vous dirigez a-t-elle mis en œuvre le dispositif ?

Sortir d’une logique d’une subvention conséquente, pour un gros établissement scientifique porteur de deux CADIST, en chimie et en pharmacie, n’a pas été facile financièrement, d’autant que les coûts des abonnements électroniques étaient basés sur le nombre d’abonnements papiers, forcément pléthoriques. 

A Lyon 1, nous avons toutefois saisi l’opportunité de ce nouveau dispositif pour interroger nos propres pratiques et tenter de valoriser davantage les actions déjà engagées au service de la communauté nationale ou de laboratoires de recherche, comme l’achat d’archives électroniques spécialisées, avant même le déploiement d’ISTEX. L’un des grands défauts des bibliothèques est en effet leur incapacité à faire connaître leurs actions, d’aucuns diraient leur invisibilité ! 

Nous avons dans un premier temps entamé un sérieux travail de cartographie des laboratoires de recherche en chimie, qui nous a permis de disposer d’un paysage complet et d’une meilleure connaissance des chercheurs à desservir et des partenaires à solliciter. La mobilisation plus active de chercheurs déjà engagés dans une collaboration avec la bibliothèque a été l’occasion d’identifier de nouvelles pistes d’action, d’encourager les bibliothécaires à intervenir directement dans les laboratoires et de construire des services à la recherche innovants et plus pertinents. 

C’est ainsi qu’est né le projet DATACC’, porté par l’Université Lyon 1 avec l’Université Grenoble-Alpes, fort des liens déjà établis entre les disciplines de chimie et de physique, en vue d’élaborer un programme commun d’accompagnement des chercheurs aux plans de gestion des données et à la gestion des cahiers de laboratoire.

CollEx-Persée a enfin contribué à alimenter la réflexion engagée au sein du SCD sur les moyens investis au service de la recherche : non seulement par la consolidation et la valorisation accrue des actions de sa Mission Recherche, mais aussi par la réorientation de certaines forces au service des chercheurs, tant dans le cadre d’une politique documentaire dédiée, que dans la rationalisation de la conservation des collections imprimées, avec le pilotage du Plan de conservation partagée des périodiques en chimie.

Quelles seraient vos attentes pour la suite de la durée du GIS ? Et  au-delà ?

L’ensemble des actions et projets d’ores et déjà engagés sont autant de preuves d’un démarrage prometteur du GIS avec un investissement fort de la part des bibliothèques délégataires comme des bibliothèques associées.

Au-delà du soutien des acquisitions de collections au service de projets de recherche ou de l’accompagnement de projets de numérisation, CollEx-Persée, par le biais de différents groupes de travail, démontre son aptitude à s’emparer de sujets communs de préoccupations, comme la modernisation de la fourniture de documents ou l’archivage pérenne. Le positionnement du GIS, dans un paysage français très morcelé, pourrait constituer une opportunité de questionner les périmètres d’intervention des opérateurs, voire, à terme, d’en redessiner les contours.

En tout état de cause, il me semble que la volonté de « faire réseau » gagnera à être encore encouragée, dans un partenariat à conduire de façon plus claire avec l’ensemble des acteurs de l’IST, chercheurs, opérateurs nationaux, ou encore Comité pour la science ouverte, afin d’éviter l’éparpillement des initiatives et de renforcer l’efficacité du GIS.

Isabelle Eleuche

Directrice

Service Commun de la Documentation

Université Claude Bernard Lyon 1

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