Actualité - 1 novembre 2019

#BilanDeProjet : EpiTyr

Bibliothèque de la Maison de l’Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux
Estampage d’une épitaphe grecque de la nécropole de Tyr réalisé par J.-P. ReyCoquais le 14 juillet 1966 (inv. PO00158) : « Monument réservé au très pieux Antônios, diacre, orfèvre », IVe -VIe siècle après J.-C. (I. Tyr Nécropole 201) | © Archives IGLS CNRS/HiSoMA 2019
EpiTyr - Archives épigraphiques de la cité antique de Tyr - est un des projets boursier lauréats de l’appel à projets CollEx-Persée 2018-2019. Voici son bilan.

Le laboratoire HiSoMA est le dépositaire d’une importante documentation relative aux inscriptions grecques et latines de Tyr (aujourd’hui Ṣūr, au Liban), cité de la Phénicie antique actuellement fouillée par une mission archéologique franco-libanaise. Ces archives épigraphiques, hébergées par l’Université Lumière Lyon 2 à la Maison de l’Orient et de la Méditerranée, constituent un lot important au sein de la documentation du programme de recherche international des IGLS (Inscriptions grecques et latines de la Syrie, où le nom de la Syrie est compris dans son acception antique, qui correspond à celle du nom moderne du Proche-Orient, https://igls.mom.fr).

Elles se répartissent en une documentation physique et une documentation nativement numérique (Figure 1 – ci-dessous), toutes deux en accroissement constant.

L’ensemble apporte des informations irremplaçables sur l’histoire et l’archéologie de Tyr aux époques romaine et byzantine, deux périodes qui comptent parmi les plus florissantes pour la ville.

Le projet EpiTyr a été conçu pour favoriser la sauvegarde, l’exploitation, l’édition, la diffusion et l’archivage de ces données, en les inventoriant, en les numérisant, en les associant à des métadonnées et en les stockant sur la plate-forme Nakala de la TGIR Huma-Num. Au-delà du cas de Tyr, il visait aussi à tester la validité du nouveau protocole d’archivage des données du programme IGLS, en cours d’élaboration par les soins du Pôle Système d’information et réseaux de la Maison de l’Orient et de la Méditerranée.

Lauréat d’une bourse individuelle de numérisation de l’infrastructure CollEx-Persée en 2018, le projet participe à l’inventaire et à la numérisation en cours des archives du programme des IGLS, d’une part, et aux activités de la mission archéologique de Tyr, d’autre part. Il s’inscrit plus largement dans le cadre des activités de l’axe transversal du laboratoire HiSoMA (Éditions, archives, humanités numériques) et du premier axe stratégique de la Maison de l’Orient et de la Méditerranée (Les données de la recherche, de l’acquisition à l’archivage).

 

Production et résultats

Au terme de huit mois de travail de janvier à août 2019, le projet EpiTyr a permis de finaliser l’inventaire des archives épigraphiques de Tyr et de réaliser leur numérisation et leur indexation par une série de métadonnées. Les enjeux de cette dématérialisation sont multiples. Ils ressortissent d’abord à la nécessité de favoriser l’exploitation des données du corpus par les éditeurs des IGLS et par les membres de la mission de Tyr, en vue de la production d’un recueil épigraphique exhaustif conforme aux recommandations d’EpiDoc (https://epidoc.sourceforge.net/), à la manière du travail en cours de réalisation sur les inscriptions de Beyrouth (cf. http://www.hisoma.mom.fr/recherche-et-activites/rencontres-scientifiques/epinum2018).

À terme, la numérisation des archives tyriennes doit aussi aboutir à une diffusion des documents élargie à un public plus large que celui des seuls spécialistes et à un archivage de longue durée, grâce aux ressources offertes par la TGIR Huma-Num.

Il s’agit enfin de sauvegarder les données de la recherche sur un patrimoine archéologique sans cesse menacé.

La documentation physique remonte aux origines du programme, lorsque les pères jésuites de la Faculté Orientale de Beyrouth ont entrepris de fonder le projet des IGLS, au début du vingtième siècle. Elle se compose d’une série d’estampages d’inscriptions (empreintes exactes des inscriptions gravées en creux, réalisées sur du papier spécial sans colle, facile à transporter et à archiver), de carnets de copies, de fiches manuscrites, de films et de tirages photos.

Ces documents sont conservés à la Maison de l’Orient et de la Méditerranée, fédération de recherche hébergée par l’Université Lumière Lyon 2. Les plus anciens sont ceux que les pères jésuites de Beyrouth (Louis Jalabert, Sébastien Ronzevalle, René Mouterde) et leurs contemporains (dont Maurice Chéhab, ancien directeur de la Direction Générale des Antiquités du Liban) ont réunis entre le début du vingtième siècle et les années 1960. Une partie d’entre eux (les estampages) ont été transférés de l’Institut français d’archéologie du Proche-Orient (l’actuel Ifpo) à Lyon à l’issue de la guerre civile libanaise (1975-1990). En 2012, un nouveau lot de documents relatifs à l’épigraphie tyrienne (Figures 2-3 – ci-dessous) a été déposé au laboratoire HiSoMA par Jean-Paul Rey-Coquais, professeur émérite de l’Université de Bourgogne, membre des IGLS et auteur de deux ouvrages majeurs sur les inscriptions de la ville et de la nécropole de Tyr, parus en 1977 et en 2006.

Les estampages et les copies d’inscriptions réalisés par les chercheurs du programme des IGLS actifs au Liban et par les membres de la mission archéologique de Tyr continuent d’alimenter les archives. Ils sont désormais associés à une documentation nativement numérique, qui se compose de photographies réalisées en mission depuis 2002.

Dans le cadre du projet EpiTyr, les documents suivants ont été numérisés :

  • 155 estampages d’inscriptions ;
  • environ 300 fiches manuscrites issues de la documentation des pères jésuites de Beyrouth (fonds René Mouterde) ;
  • copies et tirages photos des 250 inscriptions grecques de la nécropole de Tyr (fonds Jean-Paul Rey-Coquais) ;
  • copies et tirages photos des 400 inscriptions grecques et latines de la ville de Tyr (fonds Jean-Paul Rey-Coquais) ;
  • carnets de copies des membres du programme des IGLS, relatifs aux inscriptions de Tyr conservées sur le site même de Tyr et dans les collections du Musée national de Beyrouth, de l’American University of Beirut et du Louvre.

En favorisant l’accès à une documentation jusqu’à présent méconnue et sous-exploitée, le projet est susceptible d’intéresser autant les spécialistes de l’épigraphie grecque et latine du Proche-Orient que les historiens du monde gréco-romain et byzantin et les archéologues de la Méditerranée orientale.

 

Les résultats scientifiques obtenus sont :

  1. l’inventaire complet des documents physiques relatifs à l’épigraphie de la cité antique de Tyr et présents à la Maison de l’Orient et de la Méditerranée dans les archives du programme des IGLS ;
  2. la numérisation exhaustive de ces documents, réalisée à la Maison de l’Orient et de la Méditerranée (carnets de copies, fiches, tirages photos) ou par l’opérateur externe Enov 360 (estampages, films) ;
  3. une bibliographie spécialisée de l’épigraphie tyrienne intégrée dans la bibliographie en ligne du groupe IGLS sur Zotero (https://www.zotero.org/groups/1843959/igls) ;
  4. la gestion électronique des données (GED) concernant à la fois les documents physiques numérisés et les documents nativement numériques relevant du même dossier tyrien.

 

Les principaux apports du projet EpiTyr ont fait l’objet d’une présentation détaillée lors de la journée EpiNum 2019 (https://www.hisoma.mom.fr/recherche-et-activites/rencontres-scientifiques/epinum-2019), consacrée à l’actualité des recherches épigraphiques du laboratoire HiSoMA en décembre 2019. À terme, ce projet permettra une exploitation plus rationnelle des archives épigraphiques tyriennes. CollEx-Persée a joué un rôle moteur lors de son lancement. Il s’agit désormais de poursuivre l’effort, en profitant de nouveaux appels d’offre du GIS, pour intégrer toujours davantage la gestion des données du programme des IGLS à leur publication dans ce corpus centenaire et à leur diffusion par le biais des services de la TGIR Huma-Num.

 

Julien Aliquot

CNRS UMR 5189 HiSoMA, Maison de l’Orient et de la Méditerranée, 5/7 rue Raulin F-69365 Lyon France, +33 4 72 71 58 33, https://www.hisoma.mom.fr/annuaire/aliquot-julien

Voir la page-projet > ici

#BilanDeProjet

Figure 1. – Épitaphe grecque du pêcheur de murex Antipatros sur un sarcophage de la nécropole de Tyr, IVe -VIe siècle après J.-C. (I. Tyr Nécropole 7) © Julien Aliquot CNRS/HiSoMA 2008

Figure 1. – Épitaphe grecque du pêcheur de murex Antipatros sur un sarcophage de la nécropole de Tyr, IVe -VIe siècle après J.-C. (I. Tyr Nécropole 7) © Julien Aliquot CNRS/HiSoMA 2008

Figure 2. – Partie latine d’une dédicace bilingue trouvée à Tyr : la colonie romaine de Lepcis Magna honore Tyr, sa métropole, en érigeant une statue à l’image de cette cité, vers 194-198 après J.-C. © Archives IGLS (fonds Jean-Paul Rey-Coquais) CNRS/HiSoMA

Figure 2. – Partie latine d’une dédicace bilingue trouvée à Tyr : la colonie romaine de Lepcis Magna honore Tyr, sa métropole, en érigeant une statue à l’image de cette cité, vers 194-198 après J.-C. © Archives IGLS (fonds Jean-Paul Rey-Coquais) CNRS/HiSoMA

Figure 3. – Estampage d’une épitaphe grecque de la nécropole de Tyr réalisé par J.-P. ReyCoquais le 14 juillet 1966 (inv. PO00158) : « Monument réservé au très pieux Antônios, diacre, orfèvre », IVe -VIe siècle après J.-C. (I. Tyr Nécropole 201) © Archives IGLS CNRS/HiSoMA 2019

Figure 3. – Estampage d’une épitaphe grecque de la nécropole de Tyr réalisé par J.-P. ReyCoquais le 14 juillet 1966 (inv. PO00158) : « Monument réservé au très pieux Antônios, diacre, orfèvre », IVe -VIe siècle après J.-C. (I. Tyr Nécropole 201) © Archives IGLS CNRS/HiSoMA 2019

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