Parole de chercheurs >>> Véronique Boudon-Millot

Les humanités et le deuxième âge de la numérisation

En tant que chercheur en SHS, philologue travaillant sur les textes médicaux antiques, l’accès à des documents rares (incunables et éditions princeps) voire uniques (manuscrits), écrits en différentes langues (dont le grec, le latin et l’arabe) et différents alphabets, est depuis longtemps un enjeu majeur, spécialement lorsqu’il s’agit d’accèder aux ressources de domaines et de bibliothèques a priori éloignées des SHS, comme les fonds patrimoniaux des facultés de médecine ou de pharmacie. 

Après un premier âge de la numérisation qui consistait à rendre disponible le plus grand nombre de pages au plus grand nombre possible de lecteurs, la priorité, chacun en conviendra, doit aujourd’hui être accordée aux développements d’outils et de services utiles aux chercheurs : développement de plateformes performantes et gratuites, de portails accueillants et fédérateurs, de moteurs de recherche simples et intuitifs, progrès de l’océrisation (avec encore d’importants perfectionnements à accomplir dans la reconnaissance des caractères non latins), fouille de texte, hiérarchisation et mise en ordre des données. 

La participation au CS du CollEx-Persée, lieu privilégié de rencontre et d’échange entre chercheurs et professionnels des bibliothèques et de la documentation, constitue incontestablement, en ce deuxième âge de la numérisation, un excellent poste d’observation pour accompagner, encourager, développer et fédérer toute entreprise visant à améliorer la visibilité des collections et faciliter leur mise en réseaux, dans un cadre juridique respectueux du droit des auteurs et des éditeurs.

La mise en place de nouveaux dispositifs visant à financer des bourses et faciliter des séjours de recherche en bibliothèque en direction de jeunes chercheurs porteurs de projets innovants n’est pas le moindre mérite de CollEx-Persée. Dans la période difficile que nous traversons, où l’accès à distance aux ressources est plus que jamais nécessaire, les valeurs partagées par les membres du CS prennent, me semble-t-il, tout leur sens. 

Véronique Boudon-Millot

Directrice de recherche au CNRS

Membre du conseil scientifique de CollEx-Persée

UMR 8167 Orient & Méditerranée – Sorbonne Université

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